Parcours d’une jeune Calédonienne au cœur du SIG de Wallis-et-Futuna
Je ne sais pas si, un jour, j’aurais imaginé me retrouver à piloter un SIG territorial à plus de 2 000 km de ma Nouvelle-Calédonie natale. Mon parcours n’a jamais été une ligne droite. Il est fait de détours, de doutes, de moments où j’ai hésité… mais aussi de rencontres qui m’ont portée plus loin que je ne l’aurais cru.
Je viens d’un bac littéraire, spécialité Beaux-Arts. Autant dire que rien ne me prédestinait à plonger dans le monde des données, de l’analyse spatiale ou de la gestion d’infrastructures publiques. Pourtant, j’ai toujours eu cette envie profonde de comprendre les territoires, leurs dynamiques, leurs fragilités et leur histoire humaine. C’est cette curiosité qui m’a menée vers une Licence de Géographie et Aménagement, puis vers un Master en Sciences de la Durabilité. À chaque étape, j’ai dû apprendre, désapprendre parfois, me dépasser et me réinventer. Et chaque fois, je me suis surprise à aimer encore plus ce chemin.
Lors de ma mobilité internationale au Québec, j’ai choisi une option en Modélisation du territoire et SIG. Cette expérience a été un véritable choc : l’un des cours les plus difficiles de tout mon parcours. La charge de travail, les logiciels, les méthodes, le rythme… tout me semblait immense, parfois même inaccessible. Je me souviens très bien m’être dit : “Plus jamais les SIG. La géomatique, c’est fini pour moi.”. À ce moment-là, j’étais convaincue que ce domaine n’était pas fait pour moi. Aujourd’hui, je souris en y repensant, parce que ce que je croyais être la fin était en réalité le début.
Mon stage à l’Observatoire de l’environnement en Nouvelle-Calédonie (ŒIL) a tout changé. Là où le Québec m’avait mise au défi, l’OEIL m’a réconciliée avec la géomatique. Pendant six mois, j’ai travaillé sur les données d’incendies en Nouvelle-Calédonie : analyser, organiser, comprendre. Et progressivement, j’ai découvert que j’aimais vraiment ça. Bien sûr, il y a encore eu des moments de doute, mais cette fois, je n’ai pas reculé. Je n’ai jamais abandonné.
Arriver à Wallis a été une étape aussi excitante qu’intimidante. Nouveau territoire, nouveaux enjeux, nouveaux visages. Je savais que le défi serait grand, mais je ne savais pas encore que ce serait ici que je trouverais une véritable famille professionnelle. Je travaille aujourd’hui avec des personnes formidables. Certains de mes référents SIG ont le double de mon âge, et pourtant ils m’accueillent chaque jour avec bienveillance. On s’écoute, on se conseille, ils me transmettent leur expérience sans jamais me faire sentir “trop jeune” et moi, je partage ce que je peux, chaque jour un peu plus. Leur confiance est l’un de mes plus grands moteurs.
En tant que cheffe de section Patrimoine et SIG au service des Travaux Publics, j’ai aujourd’hui la responsabilité d’un chantier qui dépasse largement la technique : je pilote la mise en œuvre du schéma directeur SIG de Wallis-et-Futuna (réalisé par SKAZY), un travail structurant qui définit la vision et les actions nécessaires pour moderniser toute l’architecture géographique du Territoire. Je coordonne les aspects administratifs et stratégiques du projet, en lien étroit avec les services partenaires, et je restitue les avancées aux décideurs locaux ( du Cabinet du Préfet au STP, en passant par les élus et les services transversaux) afin de garantir une communication claire et utile à la prise de décision.
Sur le plan technique, j’assure l’administration de la plateforme SIG Fugamotu, un outil essentiel pour centraliser, structurer et diffuser l’information géographique interservices. Mais ma mission ne s’arrête pas à la gestion d’une plateforme. J’accompagne aussi les acteurs du Territoire en animant le réseau des référents SIG, en concevant et en dispensant des formations à la cartographie et à l’utilisation de Fugamotu. Chaque jour, j’essaie de rendre les outils plus accessibles, plus intuitifs et plus utiles pour tous.
Je suis fière de mon parcours, non pas parce qu’il est parfait, mais parce qu’il est sincère. Fière d’être une jeune Kanak-Calédonienne qui apporte aujourd’hui ses compétences, son énergie et ses idées à Wallis-et-Futuna. Fière de travailler entourée de personnes généreuses, compétentes et profondément humaines. Et un jour, j’espère revenir chez moi, en Nouvelle-Calédonie, pour servir mon pays avec autant d’amour, d’engagement et de détermination que je sers aujourd’hui Wallis-et-Futuna. En attendant, je continue d’apprendre, de construire et de donner le meilleur de moi-même.
Hélène PATEL
