Analyse de la Sensibilité du Littoral de la Nouvelle-Calédonie à l'Aléa Submersion Marine

Analyse de la Sensibilité du Littoral de la Nouvelle-Calédonie à l'Aléa Submersion Marine

Cette étude, menée par la DIMENC et l'IRD, vise à évaluer la sensibilité du littoral calédonien aux submersions marines liées aux événements cycloniques. Elle s'inscrit dans la mise en œuvre du plan Vigilance Vague-Submersion (VVS) de Météo-France et s'appuie sur une approche probabiliste grâce à un nouveau couplage de modèles.

L'étude a combiné deux approches principales. La première était une analyse rétrospective et une validation des modèles. Ici, le couplage des modèles SCHISM (hydrodynamique) et UnSWAN (vagues) a été validé à l'aide de données d'observation historiques pour cinq cyclones récents (Oma, Uesi, Gretel, Lucas, Niran). Le modèle intègre divers phénomènes physiques comme la propagation, la réfraction et le déferlement des vagues, et utilise des données atmosphériques, océaniques et de marées. Le calcul des surcotes prend en compte l'effet baromètre inverse, le vent d'afflux et le déferlement. La seconde approche était une analyse probabiliste de l'aléa submersion. Pour cela, l'algorithme STORM (Synthetic Tropical cyclOne geneRation Model) a généré 10 000 ans d'activité cyclonique fictive. Cette approche a permis de compenser le faible nombre de données historiques pour les événements très intenses. Les trajectoires synthétiques les plus impactantes ont ensuite été sélectionnées pour être modélisées.

Les résultats ont mis en évidence la fiabilité du modèle, le couplage SCHISM+UnSWAN a démontré sa capacité à reproduire fidèlement les hauteurs de vagues significatives (avec une erreur moyenne de 25 cm) et les surcotes cycloniques (erreur moyenne de 11,68 cm). L'analyse des périodes de retour a révélé que les scénarios cycloniques très défavorables, comme les cyclones de type Pam, Rewa ou Beni (traversant les terres), ont des périodes de retour estimées à plus de 1 000 ans dans le lagon de Nouméa, jugés très improbables en raison de la modélisation de l’atténuation des intensités cycloniques à l'approche des côtes. Les configurations longeant la côte (type Niran, Erica) sont plus fréquentes, avec des périodes de retour inférieures à 100 ans ou entre 100 et 1000 ans. Les lagons étroits sont particulièrement vulnérables aux phénomènes d'ensachage, provoquant une accumulation rapide d'eau, notamment sur la zone entre Gouaro en Poya. La partie nord-ouest du lagon de Nouméa, semi-ouvert, est plus exposée aux niveaux extrêmes en raison de la rotation des cyclones et des vents d'afflux. Il est important de noter que l'intensité du cyclone n'est pas directement proportionnelle aux niveaux marins extrêmes en raison de la saturation des lagons.

Malgré la robustesse de l'étude, certaines limites subsistent. Les données historiques sont limitées et manquent parfois d'informations, ne permettant pas une validation pour des événements de très forte intensité ou de périodes de retour importantes. Le modèle STORM présente de légers décalages géographiques et ne représente pas les dépressions tropicales faibles ou fortes. Les comparaisons directes inter-modèles sont limitées par des différences de résolution et de gestion des processus. Enfin, les incertitudes augmentent pour les périodes de retour supérieures à 1 000 ans, et le modèle peut sous-estimer les faibles surcotes.

Les données mises en ligne comprennent 3 rasters présentant pour un cyclone centennal des valeurs de hauteur significative et de période de vagues ainsi que la valeur de la surcote. Ces données sont également disponibles uniquement sur le littoral sous forme de couche ponctuelle "Surcote et vague au trait de côte pour un cyclone centennal". Des modélisations sont également disponibles pour d'autres périodes de retour : 50, 200, 800 et 2500 ans, sur demande auprès de la DIMENC.